Il arrive parfois que l’on soit mitigé après la lecture d’un livre. Est-ce qu’on le recommande ou pas ? Parfois, il vaut mieux s’abstenir et c’est ce que j’aurais dû faire avec « Khadija, l’épouse de Mahomet ».
Ce roman est le premier de la trilogie Les femmes de l’islam de Marek Halter. C’est une trilogie qui s’inscrit dans un contexte de promotion des personnages féminins des grandes religions monothéistes que sont le judaïsme, le christianisme et l’islam. Marek Halter est lui-même un écrivain français, juif polonais d’origine, et il oeuvre pour le rapprochement des trois religions. Je ne le connaissais pas avant de lire « Khadija, l’épouse de Mahomet. »
Mahomet est le nom français utilisé pour désigner le prophète Muhammad (saw), considéré comme le sceau des prophètes en islam. Khadija est sa première épouse. Selon la tradition islamique, Khadija était veuve, riche et courtisée par les plus grands hommes de la tribu des Koraichites de la Mecque. Mais contre toute attente, c’est pour son employé, le jeune Muhammad (saw) que son coeur a flanché. Les textes disent qu’elle avait 40 ans et qu’il en avait 25 lorsqu’ils se sont mariés. Il n’a épousé aucune autre femme de son vivant et elle a porté tous ses enfants à l’exception d’Ibrahim, le dernier fils du prophète Muhammad (saw). Khadija et le prophète Muhammad ont eu au total 6 enfants, deux garçons décédés à bas âge et quatre filles ayant vécu assez longtemps pour assister à la révélation du Coran. Mais de tous leurs enfants, seule Fatima a vécu jusqu’à la mort de son père, puis l’a suivi six mois plus tard.
Comme les autres épouses du prophète Muhammad (saw), Khadija est considérée comme l’une des mères des croyants. Elle est la première personne à qui il a raconté sa rencontre avec l’ange Jibril et la première à avoir cru en son message. Alors qu’il était apeuré, c’est elle qui l’a rassuré, qui lui a rappelé qu’il était un homme bon et que Dieu ne se jouerait sans doute pas de lui. Elle était à ses côtés pendant les premières tribulations, lorsque le prophète Muhammad s’est mis à annoncer à son peuple qu’il ne fallait adorer qu’Allah et abandonner les idoles qui trônaient à la Kaaba. Khadija a utilisé ses biens pour la promotion de l’islam et a enduré le mépris des leurs aux côtés de son mari.
Je connaissais l’histoire de Khadija grâce à quelques lectures glanées ça et là incluant « Great Women of Islam who were given the good news of Paradise » de Mahmoud Ahmad Ghadanfar. Mais avec « Khadija, l’épouse de Mahomet », c’était la première fois que je lisais un livre entièrement consacré à la première épouse du prophète (saw).

J’ai beaucoup aimé les premières parties du livre. Marek Halter nous a présenté un personnage fort qui ne se laissait pas marcher sur les pieds et surtout avec une très bonne répartie. Le roman commence par une entrevue avec Abu Sofyan, l’un des tout-puissants de la Mecque et farouche ennemi du prophète Muhammad (saw). Abu Sofyan proposait le mariage à Khadija prétextant vouloir lui apporter son soutien face à la mâla, le conseil des hommes de la Mecque. Mais Khadija n’était pas dupe. Comme beaucoup d’autres, elle savait qu’Abu Sofyan voulait surtout s’accaparer de ses richesses.
De l’autre côté, au même moment, le jeune Muhammad (saw) accompagnait l’une des caravanes de Khadija en Syrie. C’était la première fois qu’il effectuait un voyage au compte de Khadija et il a dû défendre la caravane contre des pilleurs commandités par Abu Sofyan. Plus tard, Marek Halter nous entraine dans les démarches effectuées par Khadija pour faire part de ses sentiments à Muhammad (saw), puis leur mariage, leur vie de couple, et les péripéties de la vie à la Mecque.
D’un point de vue fictif, c’est une belle histoire d’amour sincère entre une femme plus âgée et un homme hors du commun. Mais là où le bat blesse, c’est au niveau des nombreuses modifications et ajouts issus de l’imagination de l’auteur qui ne sont pas conformes à la tradition islamique. Pendant ma lecture, j’écrivais souvent à mon amie qui avait également lu et apprécié « Khadija, l’épouse de Mahomet » pour lui faire part de mes critiques. J’aimais la fiction mais j’étais gênée par les nombreuses modifications.
En regardant une interview de Marek Halter, j’ai appris qu’il a sciemment modifié l’âge de Khadija. Pour lui, il était beaucoup plus vraisemblable qu’elle ait 35 ans plutôt que 40 lors de son mariage avec le prophète Muhammad (saw) parce qu’elle a quand même réussi à avoir six enfants avec lui. De même, dans le livre, Khadija n’a qu’un garçon, Qasim, alors qu’elle en a plutôt eu deux, tous morts à bas-âge. Marek Halter a modifié aussi bien l’ordre de naissance de Qasim que les conditions de son décès dans le cadre de la fiction. Plusieurs autres informations dans « Khadija, l’épouse de Mahomet » sont issues uniquement du fruit de l’imagination de l’auteur. En lisant donc le roman, il fallait faire preuve de beaucoup de détachement et ne pas prendre tout le récit pour argent comptant.
Dans mon compte-rendu vidéo, j’ai signalé que j’aimais l’aspect « romance » du livre mais qu’il fallait quand même le lire avec des pincettes. Au final, il m’a surtout donné envie de découvrir des biographies plus authentiques sur le prophète Muhammad (saw) et j’ai entamé « Le nectar cacheté » de Ar-Raheeq Al-Makhtoum. Je n’ai certes pas directement recommandé le livre comme je le fais d’habitude mais c’était tout comme.
J’ai eu l’agréable surprise de recevoir un message privé d’une personne qui avait regardé la vidéo sur ma page Facebook. Il a attiré mon attention sur le fait que tout le monde ne pouvait pas forcement démêler le faux du vrai en lisant « Khadija, l’épouse de Mahomet ». Ce n’était donc pas approprié de le recommander même en rajoutant qu’il faut le lire « avec des pincettes ». Surtout qu’il y a des oeuvres relatant la vie de personnages religieux de l’islam qui sont plus bénéfiques.
Pour lui, certains auteurs comme Marek Halter, essaient surtout de vulgariser leur idéal plutôt que de présenter une vie conforme aux idéaux de l’islam. Je n’ai pas suffisamment lu Marek Halter pour juger toute son oeuvre, mais c’est vrai qu’en lisant l’histoire de Khadija, on a beaucoup trop de divergences avec les faits selon la tradition islamique. Le message de cet abonné était bienveillant et j’ai été touchée par l’application qu’il a mise à me conseiller par rapport à cette recommandation.
J’ai finalement supprimé la vidéo sur Facebook et Instagram parce que je n’aimerais pas être une source de confusion pour certains. Je m’excuse si mes recommandations vous ont induit en erreur, surtout qu’il s’agit ici d’un aspect de notre religion. Je ferai plus attention à l’avenir in shaa Allah et n’hésitez surtout pas à m’écrire également lorsque vous avez des remarques et suggestions par rapport à mes publications. Merci énormément à Ibrahim et qu’Allah nous garde et nous guide sur le meilleur chemin.
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