Dans deux jours, in shaa Allah, le 12 Juin 2020, cela fera exactement 8 ans que je suis devenue musulmane. Je ne m’attarderai pas sur les raisons et mon cheminement, j’en ai fait trois longs chapitres dans mon Journal de Ramadan 2020.
Je me souviens de ce jour là, du sentiment indescriptible qui m’a habitée alors que je prononçais la shahada. C’était dans son salon et je répétais juste après lui. Il m’avait demandé la veille d’informer mes parents avant de sauter le pas. Je l’ai fait et le lendemain je suis devenue musulmane.
Je réalise que je ne connais pas son prénom. Sa fille est mon amie, lui, c’est mon imam. C’est donc comme ça qu’il a toujours existé dans mon imaginaire. L’imam. Mon imam. Notre imam.
Je l’ai vu pour la dernière fois pendant le mois de Ramadan, en allant lui donner la commission de papa. Alors que je ressortais avec mon cousin, il m’a rappelée. Je soupçonne qu’il l’ait fait exprès pour que celui-ci ne soit pas là. Il voulait savoir où j’en étais par rapport au mariage. Si j’avais au moins des prétendants. J’étais terriblement gênée. Si je pouvais rougir, je l’aurais fait. Mais je ne me sentais pas agressée contrairement à certaines fois lorsque la question venait d’autres personnes. Il était bienveillant. Il m’a parlé de l’importance du mariage pour le et la musulmane et il a mentionné que les hommes sont parfois intimidés par des femmes brillantes comme moi. Je lui ai dit que les hommes d’aujourd’hui n’étaient pas « … » sans terminer ma phrase. Il a compris, il a souri et m’a souhaité d’avoir un époux pieux. J’ai plaisanté plus tard avec mes amies en leur disant que si je ne trouvais pas d’époux, j’irais le voir pour des recommandations.
Aujourd’hui, à l’heure de la prière de Dhohr, j’ai pensé à lui et j’ai demandé à Allah de lui accorder une longue vie, de nous accorder une longue vie, pour qu’il célèbre mon mariage. Ce n’était pas la première fois que je le faisais parce que j’espérais depuis pas mal de temps qu’il serait celui qui le ferait, comme une continuité après ma conversion. Quelques minutes plus tard, littéralement quelques minutes plus tard, sa fille m’appelait pour m’informer de son décès. « Certes nous sommes à Allah, et c’est à Lui que nous retournerons. »
Comment est-ce possible ? C’est la question que je me suis posée. Je ne lui ai pas demandé à elle. Ça me semblait inapproprié. Je savais qu’il était malade depuis pas mal de temps mais il allait mieux. Je le voyais pendant ses footings nocturnes dans le quartier. Il semblait aller beaucoup mieux quand je lui ai rendu visite il y a quelques semaines. Je venais à peine de faire des duas pour qu’il ait longue vie alors qu’il était déjà parti. Comment est-ce possible ?
Je ne m’attendais pas aux larmes qui sont sorties comme si on avait ouvert des vannes. Je ne m’attendais pas à ce flot d’émotions qui m’ont submergée. Que doivent donc ressentir ses proches, surtout après le décès il y a quelques semaines de son petit frère ? Je ne sais pas comment cet enchaînement de situations a été possible mais je sais qu’on doit tous partir. God works in ways we can’t fully understand but it’s fine. We trust Him.
« Personne ne peut mourir que par la permission d’Allah, et au moment prédéterminé. Quiconque veut la récompense d’ici-bas, Nous lui en donnons. Quiconque veut la récompense de l’au-delà, Nous lui en donnons, et Nous récompenserons bientôt les reconnaissants. » Al-Imran 145.
Je garderai de lui un ton calme et apaisant, des conseils sans brusquer et le souvenir de ce 12 Juin 2012 où il m’a fait prononcer la profession de foi pour devenir musulmane.
Qu’Allah lui accorde les plus hauts degrés du Paradis et qu’Il soutienne ses proches dans cette épreuve.

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