« Tu es malade! Qu’est-ce qu’il va bien faire avec une gamine comme toi? Tu es folle à lier! Tu t’inventes une vie. »

Cyrielle avait l’impression de vivre un cauchemar éveillé. Elle revoyait Willy. Son Willy. Elle le revoyait poser ses douces lèvres sur les siennes. Elle le revoyait passer ses mains sur ses courbes. Elle revivait chacun des moments passés ensemble. Avait-elle rêvé de tout ceci? Était-elle folle comme ils le disent? Ce n’était pas possible. Son esprit ne pouvait pas lui jouer un tour pareil. Elle ne pouvait pas avoir vécu une histoire d’amour pendant deux ans dans un monde imaginaire. Pourtant la froideur de ses mots lui faisaient douter de ses sens. Il ne ressemblait plus à l’homme qui l’embrassait dans le cou. Il n’avait rien de celui qui l’appelait affectueusement « Candy Neige ». Aux yeux de tous elle passait pour une traînée, une gamine qui essaie de briser un ménage. Qu’est ce qu’il faut croire? Son esprit était-il tourmenté ou Wilfried était-il un véritable sociopathe? 

La différence d’âge n’est pas à négliger dans les relations amoureuses. Mais quand on aime comme Cyrielle aime Wilfried, on finit par croire que l’âge n’est qu’un chiffre. On rêve d’une union avec l’être aimé et on se sent prêt à affronter le monde au nom de l’amour. Sauf que parfois les choses ne se passent pas exactement comme on l’aurait souhaité. Animé des meilleures intentions qui soient, il arrive qu’on se casse sauvagement la figure. Cyrielle est amoureuse de l’ami de son grand frère. 11 ans les sépare et elle est encore mineure. Pourtant elle se sent déjà femme. Une femme amoureuse. En attendant ses 18 ans, il faut vivre cet amour caché pour vivre heureuse. 

On sent la romance dès l’image de couverture. Le résumé et la préface de « Tristesse au paradis » nous donnent un aperçu de la situation. Inévitablement on prévoit le pire, mais je ne m’attendais pas du tout à la tournure qu’ont pris les évènements. « Tristesse au paradis » m’a rappelé à quel point j’aime les romances dramatiques dans les livres. Ce sont les moments de tristesse qui m’ont le plus touchée. Peut-être parce que toutes les personnes heureuses se ressemblent mais que les malheureuses le sont chacune à leur façon, pour rejoindre Tolstoï…

L’histoire a un peu traîné en longueur mais je suppose que Grâce Minlibé voulait nous donner le maximum de détails possibles pour nous préparer à l’un des éléments perturbateurs. À certains moments je trouvais que les dialogues entre Wilfried et Cyrielle faisaient trop Roméo et Juliette. Loin de la manière dont les jeunes Ivoiriens que je connais s’expriment. Mais l’amour rend poète alors je comprends. Pour la première fois, les citations en début de chapitres d’un livre ne m’ont pas beaucoup emballées. J’aurais préféré des citations extraites de certains passages. L’une d’entre elles m’a quand même marquée. 

« Nous ne sommes jamais aussi mal protégés contre la souffrance que lorsque nous aimons » Sigmund Freud 

« Tristesse au paradis » me fait croire que j’ai la larme trop facile avec les livres. J’ai eu des yeux larmoyants, des gouttes fuyantes. J’ai un peu partagé les tourments de Cyrielle. J’ai aimé Matthew, le bel ami de Cyrielle. Leur complicité, son humour, sa présence pour elle dans les moments difficiles. J’ai noté deux, trois coquilles, sans doute des fautes de frappes à la saisie, mais qui n’enlèvent rien au charme de l’histoire. 

Avec son style simple et une histoire d’amour qu’elle a voulu loin des clichés habituels, Grâce Minlibé nous fait passer de bons moments malgré la tristesse au paradis. Il s’agit de son premier roman. J’espère que sa plume s’affinera encore plus avec le temps et qu’elle n’a pas fini de sous surprendre. 


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Une réponse à « Tristesse au Paradis de Grâce Minlibé »

  1. Avatar de Déçue par la littérature ivoirienne. – Les Chroniques de Tchonté

    […] d’anciens. J’ai bien sûr apprécié les ouvrages de certains « jeunes auteurs » comme  « Tristesse au Paradis » de Grâce Minlibé, ou « La candeur entachée » de Lamazone Wassawaney, mais ils faisaient plus […]

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