Maria, la prostituée qui aime lire / Maria, the prostitute that loves reading

J’ai rencontré une prostituée qui m’a donné encore plus envie de lire. Elle s’appelle Maria et elle est Brésilienne. Maria a grandi dans la région du Nordeste du Brésil. Très tôt après quelques déceptions, elle a conclut que l’amour n’est pas fait pour elle, ni elle pour lui. Elle rêvait de voyages, d’un Prince charmant qui l’épouserait et lui ferait découvrir d’autres mondes. Au lieu de cela, elle s’est retrouvée à faire le plus vieux métier du monde à Genève. Ce n’est pas l’histoire d’une jeune fille qui a été forcée à vendre son corps. Elle aurait pu rentrer au Brésil après la première fois. Mais elle a continué. Elle s’est donné un deadline d’un an pour amasser de l’argent et rentrer ouvrir une ferme dans son pays. Selon Maria, l’acte sexuel ne dure en général qu’onze minutes, de la pénétration jusqu’au moment de jouissance. Elle passait environ quarante-cinq minutes avec chaque client. Mais dans ce temps, il fallait prendre en compte les banales conversations, les pseudos préliminaires, et l’acte en lui même qui dure en moyenne onze minutes. En vrai je n’avais plus l’intention de lire Coelho que je trouve un peu surcôté. J’avais conclu qu’il y a parfois un peu trop de mystère ou de mysticisme dans ses livres, et que ça reste souvent des notions confuses, mais que plein de personnes le citent juste pour faire les intéressantes. J’aime plus les livres terre à terre et c’est peut être pour ça que j’avais aimé « Véronika décide de mourir. » On m’a tant de fois recommandé « Onze minutes » que j’ai fini par céder, et je ne suis pas déçue. Ici même s’il y a du spirituel, j’y ai beaucoup plus retrouvé l’humain que de grandes théories un peu bizarres. Paulo Coelho s’est inspiré de l’histoire d’une ancienne prostituée qu’il a rencontré en Suisse.

J’aime les romans qui ne jugent pas, qui se contentent de raconter. « Onze minutes » nous entraîne dans une histoire qui parle d’amour, de sexualité, de rêves, de corps, d’âme, mais chacun a un rapport personnel aux livres qu’il lit. Moi j’aime particulièrement les livres où certains personnages me donnent envie de lire encore plus. Lorsque Maria a débarqué en Suisse, elle a dû apprendre le Français. Elle s’est inscrite à des cours, puis a commencé à fréquenter une Bibliothèque. Le premier livre qu’elle y a emprunté était « Le petit prince » donc naturellement j’étais déjà fan. Mais j’ai encore plus aimé le fait que Maria ne se gênait pas pour demander lorsqu’elle ne savait pas. Quand elle a entendu parlé des Kurdes mais qu’il n’y avait personne pour lui dire qui ils sont, elle est allée sur internet. Elle a appris que c’est un peuple sans État et que le Kurdistan est aujourd’hui divisé entre la Turquie et l’Irak. Maria est naturellement curieuse et la plupart du temps n’essaie pas de paraître plus intelligente qu’elle ne l’est. J’ai aimé cet aspect de sa personalité parce que plein de fois il nous arrive de vouloir faire semblant de connaître des choses plutôt que de demander. C’est stupide mais on a honte de dire qu’on ne sait pas. C’est stupide mais on le fait quand même, comme beaucoup d’autres choses… Il ne s’agit pas de poser des questions à des gens sur tout et n’importe quoi. Parfois Google peut nous aider directement. Mais le plus important est de toujours chercher à apprendre.

 

Il y a des fois où je me sens tellement petite devant la montagne de choses à découvrir. Je me demande où commencer, comment s’organiser pour tirer le maximum de chaque livre, de chaque expérience. Je suis une grosse paresseuse accro aux réseaux sociaux qui aime bien rester sous sa couette avec un pot de glace. Et il y a en même temps cette autre partie de moi qui a envie de rencontrer de nouvelles personnes, d’écouter des histoires, de voyager, d’apprendre encore et encore…

Quand elle s’est rendu compte que certains clients avaient juste besoin de parler, Maria a commencé à lire des livres sur la psychologie. Pour se préparer à gérer sa ferme, elle a emprunté un livre sur l’agriculture. Au Copacabanna, elle a toujours un livre sur elle en attendant les clients. Les autres prostituées l’ont surnommée « l’intellectuelle ». Ça m’a fait sourire et j’ai pensé à « Un livre dans la voiture » de Mélama Diomandé. Lui aussi aimait lire entre deux voyages et ses collègues chauffeurs de la gare le qualifiait d’intello. On comprend comment  il a pu obtenir son bac à 40 ans après plusieurs années loin de l’école.

Maria donnait du plaisir à des hommes qui savaient qu’ils payaient pour quelque chose qu’ils auraient dû avoir gratuitement. Maria savait qu’elle donnait son corps et son temps pour de l’argent alors qu’en vrai elle ne manquait pas de choix. Il n’y avait pas vraiment de raison hautement spirituelle derrière ce qu’elle faisait. Il n’y avait que l’argent et l’envie de croire qu’elle contrôlait tout. Sa curiosité l’a amenée à aller plus loin, à essayer d’atteindre ses limites. Ce n’est pas ce que je veux faire ni ce que je vous recommande. Paulo Coelho parle du rapport de nos sociétés au sexe tantôt tabou -même entre deux époux-, tantôt tellement désacralisé qu’il peut détruire. Dans le chaos qu’était sa vie, lire et écrire l’ont sans doute aidé à tenir bon. Au delà de son parcours pour réconcilier son corps et son âme, Maria de « Onze minute » m’a juste donné envie de vous dire que lire, la découverte de nouvelles choses, l’acquisition de nouvelles connaissances, d’une nouvelle compétence, font partie des choses les plus jouissives au monde.

L’une des choses les plus importantes que j’ai apprises avec Maria, c’est qu’il faut vraiment que je commence à lire un peu plus de non-fiction. Des livres un peu plus « pratiques » qui vont directement me servir. Ils sont parfois (très souvent) ennuyeux but well we have to do what we have to do…

Quel livre lisez-vous en ce moment ? Quelle est la dernière chose que vous avez apprise ou que vous apprenez en ce moment? Une nouvelle langue? Une nouvelle technique ? Une nouvelle culture ?
 

Maria, the prostitute that loves reading ​



I met a prostitute that increased my love for reading. Her name is Maria and she is Brazilian. Maria grew up in the Northeast region of Brazil. Early on after some disappointments, she concluded that love is not for her and she is not made for it neither. She dreamed of traveling, of a charming prince who would marry her and take her to other places. Instead, she ended up doing the world’s oldest profession. This is not the story of a girl who was forced to sell her body. She could have returned to Brazil after the first time. But she continued. She gave herself a one-year deadline to raise money and go back to open a farm in her country. According to Maria, the sexual act usually lasts only eleven minutes, from the penetration to the enjoyment. She spent about forty-five minutes with each client. But this time includes conversations, preliminaries, and the act itself that lasts eleven minutes on average. I believe Coelho is overrated and I didn’t intend to read anymore of his books. I had concluded that there are sometimes too much mystery or mysticism in his writings, and that it often remains confusing notions, but that many people quote him just to look interesting. I like books that are more down to earth and maybe that’s why I liked « Veronika decides to die. » So many people have recommended « Eleven minutes » that I finally gave in, and I’m not disappointed. Even if it has some taste of spirituality too, I think it has more about humanity than strange theories. Paulo Coelho was inspired by the story of a former prostitute he met in Switzerland.

I like novels that tells stories without judging. « Eleven minutes » embarks us into a story about love, sexuality, dreams, body, soul, but we all have a different relationship with the books we read. I particularly like books where some characters make me want to read even more. When Maria arrived in Switzerland, she had to learn French. She enrolled in classes and started attending a library. The first book she borrowed was « The Little Prince » so of course I immediately became a fan. But I liked even more the fact that Maria did not bother to ask when she didn’t know stuffs. When she heard about the Kurds but there was no one to tell her who they are, she went on the internet. She learned that it is a stateless people and that Kurdistan is divided between Turkey and Iraq. Maria is naturally curious and most of the time does not try to sound smarter than she actually is. I liked this part of her personality because so many times we pretend to know things rather than ask. It’s stupid but we are ashamed to say we don’t know. It’s stupid but we do it anyway, like many other things … It’s not about asking people questions about everything, even those we can find with Google. But the most important thing is to keep learning.
 

There are times when I feel so small in front of the mountain of things to discover. I wonder where to start, how to manage to get the most out of each book, from each experience. I’m a big lazy social network addict who likes to stay in her bed with ice cream. And at the same time, there is that other part of me that wants to meet new people, to listen to stories, to travel, to learn again and again …

When she realized that some clients just needed to talk, Maria started reading books about psychology. To get ready to manage her farm, she borrowed a book on agriculture. At Copacabanna, she always had a book while waiting for customers. She became known as the intellectual among the other prostitutes. It made me smile and I thought about Mélama Diomande’s book « Un livre dans la voiture. » (A book in the car). He is an Ivorian author, who used to be a driver. He also loved to read while taking a pause, and his fellow drivers considered him as an intellectual. It explains why he was able to get his high school diploma at 40, after several years away from school.

Maria gave pleasure to men who knew they were paying for something they should have had for free. Maria knew that she gave her body and time for money when in reality she wasn’t running out of choices. There was not really a highly spiritual reason behind what she was doing. There was only money and the desire to believe that she controlled everything. Her curiosity led her to go further and try to reach her limits. That’s not what I want to do nor recommend. Paulo Coelho talks about our society’s relationship to sex, sometimes taboo -even between two spouses-, sometimes so desecrated that it can destroy. In the chaos of her life, reading and writing certainly helped her to remain sane. Beyond her journey to reconcile her body and her soul, Maria of « Eleven minutes » just made me want to tell you that reading, discovering new things, acquiring of new knowledge, new skills, are some of the most enjoyable things in the world.

One of the most important things I’ve learned with Maria is that I really need to start reading a little more non-fiction. Books that are more « practical » and that will serve me directly. They are sometimes (very often) boring but we have to do what we have to do …

What are you currently reading ? What is the last thing you learned or are currently learning about? A new language? A new technique? A new culture ?


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