« Mais tu es une femme! » Oui, je suis une femme, mais pourquoi devrais-je restreindre mes rêves au mariage? Pourquoi est-il impossible pour certaines personnes d’imaginer qu’une femme pourrait aspirer à plus qu’être une épouse et une mère? Ne vous méprenez pas! Je veux me marier. Quand je trouverai un homme musulman, intelligent et ouvert d’esprit que j’aime, je vais me marier in shaa Allah. Mais cela ne signifie pas que c’est à cela que se résume toute ma vie. J’aspire à voir le monde, à apprendre, à lire, à partager, à construire des écoles, à ouvrir des bibliothèques, à écrire et à faire beaucoup d’autres choses au-delà de la fonction de génitrice. C’est la deuxième fois que quelqu’un me dit «tu es une femme» pour justifier pourquoi je ne devrais pas beaucoup voyager. Bien que je respecte ces deux personnes et certaines de leurs opinions, je ne vois vraiment pas le lien entre le fait que j’aie des ovaires et mon désir de voyager. Je devrai bien sûr faire des concessions quand je serai mère et épouse. Mais ces décisions ne concerneront que mon mari, mes enfants et moi. Cela étant dit pour introduire ce qu’inclut les droits des femmes, permettez-moi de vous raconter l’événement «Femmes de nos vies» auquel j’ai assisté le 4 mars 2017.

Je n’ai pas publié ici dernièrement parce que je n’avais pas souvent la motivation de traduire certains de mes écrits. J’ai aussi manqué de temps à cause des activités auxquelles je participe actuellement. Je disais à Charles que j’ai besoin d’un samedi off, sans événements, et il m’a dit que je pourrais en avoir un tant que c’était après l’évènement qu’il devait animer pour Jeune Africain Moderne. Je suis allée à « femmes de nos vies » en tant que membre d’Ahiman Women, une association ayant pour mission de developper le leadership des jeunes filles à travers un programme de mentorat. Je suis contente d’être sortie ce samedi là.
Je n’avais aucune attente pour « femmes de nos vies ». Je ne savais pas qui étaient les panélistes et je l’avoue, je n’ai même pas vérifié ce dont elles parleraient. C’est une fois à l’hôtel Azalai que Charles nous a donné les sujets de la soirée: la vie de la famille, la vie de couple, la vie professionnelle et le regard des autres. Les membres du panel étaient toutes des femmes actives dans la vie professionnelle et pour la plupart mariées et mères. Pour moi, elles montrent que même si la plupart des femmes veulent être de bonnes épouses et mères, elles aspirent aussi à de brillantes carrières professionnelles.
Anouchka Wagnoro est responsable digital et ecommerce chez Orange. Comme les autres panélistes, elle considère la famille comme le socle de tout. C’est là que nous apprenons les principes qui nous guideront dans la société. Elle a par exemple dit à son fils qu’aussi chiantes que peuvent être les femmes, il ne doit jamais lever la main sur l’une d’elles. Anouchka a également mentionné qu’elle négligeait l’aptitude de son fils à jouer du tam-tam jusqu’au jour où il a fait une démonstration publique. C’est dans le cercle familial, que les enfants doivent en principe acquérir la confiance nécessaire pour atteindre leurs rêves.
C’est probablement la raison pour laquelle Angel Chow-Toun est actuellement remarquable en tant que productrice dans l’industrie des médias. À 10 ans, sa mère lui a acheté sa première machine à écrire après avoir remarqué qu’elle préférait rester dans sa chambre pour écrire plutôt que jouer dehors avec ses amis. Elle l’a constamment encouragée à développer son talent. Aujourd’hui, Angel est une femme fière et confiante qui ne tolère aucun manque de respect ou trop de familiarité dans le cadre professionnel. Elle croit qu’en tant que femmes, nous devons être celles qui établissent les limites dans nos relations avec les autres.

Ces 4 belles et fortes femmes, pensent que l’on doit faire une distinction entre la femme au travail et celle dans sa famille. Malheureusement, certains hommes ont tendance à s’attendre à ce que leurs collègues du sexe opposé s’occupent des tâches que la société attribue aux femmes dans le cadre familial. Yvette Akotchi, contrôleur aérien, a dû rappeler à ses collègues masculins que le fait qu’elle soit une femme ne l’oblige pas à cuisiner pour eux ou à laver les verres qu’ils ont utilisés.
Pour Dr Eliane Ekra, chef de cabinet au Ministère de la santé et de la lutte contre Le SIDA, la famille est une entreprise à gérer. L’homme est le chef de la famille et sa femme est son aide. Mais être le chef ne signifie pas que l’homme a droit de vie et de mort sur sa femme. Au contraire, en tant que chef, l’homme doit plutôt être au service de sa femme et de ses enfants. Aujourd’hui notre société met tellement l’accent sur le mariage que certains se lient à la mauvaise personne uniquement pour sortir du célibat. Le mariage et la parentalité sont des missions pour lesquelles on est appelé ou pas. Pour le Dr Ekra, tout le monde n’est pas censé se marier ou être parent. Le mariage est un projet de vie et doit être pris plus au sérieux.
Il y a eu énormément d’enseignements à «Femmes de nos vies», mais au-delà des opinions intéressantes des membres du panel j’ai aussi aimé les interventions du public. Faisant référence au féminisme, une jeune femme dans l’audience a dit: «Je ne veux pas être égale à un homme. Il est lui et je suis moi. Je veux juste être la meilleure version de moi en tant que femme.» J’ai aimé son point de vue mais j’ai envie d’ajouter qu’avec mon féminisme je ne cherche pas à être comme un homme. Il s’agit d’avoir le choix de rêver, d’avoir accès aux mêmes opportunités d’éducation et de travail et de diriger ma vie comme j’en ai envie sans que quelqu’un me dise « mais tu es une femme! »
Faisons en sorte que les droits des femmes de nos vies soient respectés au delà de la journée symbolique chaque 8 mars, juste parce qu’elles sont des êtres humains.

Photos par Jeune Africain Moderne
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