Levez la main si comme moi vous ne connaissiez pas André Agassi. C’est fou tout ce qu’on peut apprendre dans un livre (je l’ai sans doute déjà dit mais c’est tellement vrai). En lisant « Les vertus de l’échec », j’ai appris pas mal de choses intéressantes sur des champions du monde de tennis comme Rafael Nadal, Roger Federer et justement André Agassi.
Agassi est un ancien joueur Américain de Tennis qui est devenu numéro un au monde, pour la première fois, à 25 ans. Il a commencé à jouer au tennis à un très jeune âge sous la coupole d’un père obsessionnel. Il a plus tard rejoint une académie de tennis et il a été suivi par un autre coach. Mais lorsqu’il a reçu l’annonce de son triomphe, Agassi n’a rien ressenti. Plutôt que de se réjouir, il a sombré dans l’abîme. En plus d’un mariage malheureux, il avait du mal à comprendre pourquoi il jouait au tennis. Il avait l’impression que son père et le tennis lui avaient volé son enfance, qu’il n’avait même pas de bagage culturel. Divorce, drogues.. il a failli perdre ses titres après qu’on ait retrouvé des traces de substances illicites dans son sang. Et alors qu’il se retrouvait très très très loin dans le classement, un drame s’est produit. La fille de l’un de ses amis a été renversée par une voiture. Dieu merci elle s’en est sortie, et cet évènement malheureux a fait prendre conscience à Agassi que la vie doit servir à aimer ceux qui comptent vraiment pour nous. Il a donc décidé de faire une remise en forme pour regagner sa place de numéro un. Son but était de gagner de l’argent pour aider des enfants défavorisés à avoir accès à une éducation de qualité. Peu de personnes croyaient en ses capacités de redevenir le champion qu’il a été. Mais grâce à son nouveau coach et sa détermination, Agassi a remporté la finale de Roland Garros en 1999. Il a été envahi par un sentiment de bonheur intense, qui n’avait absolument rien à voir avec ce qu’il a ressenti lorsqu’il est devenu numéro mondial en 1995. Les épreuves, ses précédents échecs, ont rendu cette victoire encore plus savoureuse.
On n’a pas besoin d’être un fan de tennis pour admirer le parcours d’Agassi et être inspiré. Cette histoire, comme bon nombre d’autres success stories, nous rappelle que la plupart des personnes aujourd’hui admirées, ont eu leur lot d’échecs. Mais l’échec ne doit pas être considéré comme une fatalité, si l’on veut réussir à atteindre le succès, nos objectifs. Astrid m’a offert « Les vertus de l’échec » de Charles Pépin, il y a à peu près un an de cela et c’est une véritable perle! Charles Pépin utilise plusieurs exemples pour nous amener à changer notre manière de concevoir l’échec et le succès. Rafael Nadal, Roger Federer, Steve Jobs, Barbara, Richard Branson, etc. Ils ont tous au moins une fois échoué, certains plus durement que d’autres. Leur point commun est qu’ils ont appris de ces échecs pour construire leurs succès.

D’après Charles Pépin, l’échec est vu de manières différentes en France et aux Etats Unis. Les français sont adeptes du « fast track », l’idée selon laquelle il faut réussir vite et se placer le plus tôt sur les rails. L’échec est assez dramatisé en France et ceux qui échouent sont mis sur le banc de touche. Les Américains eux, préfèrent le « fast fail »; il faut échouer vite, pour apprendre rapidement et faire mieux. Il va sans dire qu’en Côte d’Ivoire, nous sommes plus proches du mode de pensée français. Pourtant, c’est important de ne pas s’identifier à nos échecs. Rater, ne fait pas de nous des ratés. L’homme contrairement à l’animal, apprend de ses erreurs pour évoluer, et faire évoluer son espèce. L’échec nous aide à mieux comprendre, et ça je le vérifiais chaque fois que j’avais une mauvaise note à l’école. L’échec nous aide également à faire preuve d’humilité, à nous rappeler nos limites, et l’importance de toujours travailler d’arrache-pied, peu importe notre talent et nos précédents succès.
Charles Pépin présente deux conceptions de la sagesse de l’échec. – Une conception existentialiste défendue par les idées de Jean Paul-Sartre. Ici, l’échec est vu comme une chance de se réinventer, d’essayer de nouvelles choses et de se demander ce que nous pourrions devenir.
– Une conception psychanalytique basée sur les idées de Freud et Lacant. L’échec est considéré comme une occasion de nous interroger sur nos aspirations essentielles, qui nous sommes et quel est notre désir profond.
Les deux conceptions semblent s’opposer mais Nietzsche les réconcilie lorsqu’il dit “deviens ce que tu es”. En gros, il ne faut pas se laisser enfermer par ses échecs mais plutôt en faire des opportunités, sans trahir ce qui compte vraiment pour nous, le désir qui nous rend singuliers. Et tout comme nous ne devons pas nous identifier à nos échecs, nous devons aussi nous méfier de nos succès. C’est très facile de tomber dans l’orgueil et de faire moins d’efforts à cause des succès du passé. Certains succès nous amènent même à nous éloigner de nos réelles aspirations.
J’ai beaucoup aimé “Les vertus de l’échec” parce que Charles Pépin a utilisé beaucoup de storytelling. Il ne s’est pas contenté d’aligner des citations de philosophes, mais nous a donné assez d’exemples tangibles pour nous motiver. Certes, certains de ces exemples comme celui de Steve Jobs sont déjà connus, mais c’est toujours intéressant de les redécouvrir. J’ai dû relire certains passages plusieurs fois pour bien comprendre les théories développées, mais dans l’ensemble c’est une lecture facile et édifiante que je vous recommande.
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