Dernièrement, j’essaie de minimiser mes sorties dans les médias et conférences. Oui je sais, ça n’en a pas l’air vu que je suis encore assez présente. C’est toujours un véritable dilemme, entre l’envie de partager le peu d’expérience que l’on a, et le syndrome de l’imposteur qui nous rappelle qu’on a encore beaucoup de choses à réaliser avant de se sentir aussi légitime qu’on le souhaiterait. J’ai peur de faire beaucoup plus de bla bla bla que de travail. J’ai beaucoup aimé une citation de Maureen Ayité qui disait qu’il ne faut pas faire mille et une interviews pour ne dire que la même chose. On devrait en faire une nouvelle seulement si l’on a quelque chose de nouveau à raconter. Et c’est sans doute ce qui me blase un peu dernièrement. Répéter les mêmes choses. Dire ce que j’ai déjà dit à plusieurs médias auparavant. Quand bien même les médias ont différentes audiences, à un moment ça devient lassant pour moi-même et pour ceux qui me suivent, je suppose.
Parfois j’ai l’impression (et je sais que c’est très vrai) que les gens ne font pas le moindre effort lorsqu’ils viennent vous proposer de parler de ce que vous faites. L’une de mes expériences les plus formidables avec un média, à été celle avec Irawo, parce qu’ils ne m’ont posé pratiquement aucune question pour écrire un article sur mon travail. Ils ont fait des recherches directement et ont fait ressortir des choses que j’avais moi-même oublié avoir dites. L’auteur de l’article, Imho, ne m’a demandé que ce qu’il n’avait trouvé nulle part, et l’article était excellent ! Ça faciliterait tellement la vie, si les journalistes, blogueurs, en faisaient de même plutôt que de vouloir chaque fois que vous répondiez à dix questions auxquelles ils trouveraient rapidement les réponses en quelques clics. Mais je suppose que c’est aussi plus facile pour eux d’avoir du tout cuit si leur interlocuteur prenait 10 minutes de son temps, voir plus, pour répondre à ces questions une énième fois, au lieu de travailler pour avoir quelque chose de nouveau à partager.
Au delà des médias donc, il y a le souci des panels, et conférences. Ils ont certes l’avantage de permettre à plus de personnes de vous connaitre, de vous aider à rencontrer des gens qui vous suivent en ligne, mais ils vous font répéter les mêmes choses et vous prennent également beaucoup de temps qui aurait pu être mis à profit en faisant le travail pour lequel on vous félicite. Chaque samedi que je passe à animer un panel est un samedi que j’aurais pu passer en train de faire un atelier de lecture au Centre, de chercher de l’argent pour le centre ou juste me reposer pour être plus efficace, après ma semaine de travail. Je le dis, mais je suis aussi bien consciente que sans mon syndrome de l’imposteur, je verrais mieux que ma participation à ces conférences s’inscrit aussi dans ma logique du partage et de l’amélioration de l’éducation. J’en ferai certainement toujours, mais beaucoup moins à l’avenir in shaa Allah, si j’ai réellement déjà quelque chose de prévu au niveau du Centre, ou si j’ai besoin de me reposer. Avant j’avais du mal à dire non. Maintenant, je sais que pour ma propre santé mentale, et pour me sentir légitime dans mes prises de parole, il faut que j’établisse des priorités: le travail au Centre Eulis directement, et ma santé. Cela sous-entend aussi, que je comprendrais mieux si certaines personnes ne peuvent pas être disponibles si à l’inverse c’est moi qui les sollicite.
J’ai eu envie d’écrire ce texte particulièrement parce que je lis en ce moment « $100 pour lancer son business » de Chris Guillebeau. Dans l’un des chapitres, il parle du « Battage: le noble art de l’autopromotion ». Il explique qu’il y a trois types de personnes dans le domaine de l’entrepreneuriat:
Le fait de pouvoir faire sa promotion soi-même ou d’amener les gens à parler de votre travail d’une manière authentique et franche est important pour la réussite de vos projets ou entreprises. La publicité apporte bien entendu de nouveaux clients et sympathisants, mais il faut qu’il y ait avant tout un travail réel effectué, et qu’on ne soit pas dans l’embellissement des actions.
Je pense d’ailleurs à un média qui avait modifié mes réponses à une interview pour je ne sais quelle raison. Sans doute me faire passer pour une super-héroine que je n’ai pas encore la prétention d’être. Tous mes proches à qui j’avais envoyé le lien m’ont dit que les réponses ne me ressemblaient pas du tout. On le sentait d’ailleurs facilement parce que l’auteur m’a fait citer Victor Hugo alors que je cite très rarement qui que ce soit et encore moins un auteur dont je me rappelle à peine le seul livre que j’ai lu de lui. Donc chaque fois que vous aurez la possibilité d’intervenir dans un média, veillez à rester autant que possible dans le vrai, et à ce que vos propos ne soient pas dénaturés. J’en reparlerai in shaa Allah dans d’autres articles.
Pour revenir à nos moutons, j’essaie de minimiser mes sorties pour ne pas entrer dans la case des charlatans. Surtout qu’il y en a de plus en plus sur la toile. Face à la promotion du storytelling, de la hype de l’influence, on peut être tenté de vendre plus que ce qu’on a à offrir. Dans ce cas là on brasse du vent et on met en péril sa crédibilité et celle des gens qui pourraient se porter garant de notre personne pour nous soutenir. Être un martyr n’est pas forcement l’idéal non plus, mais certaines personnes préfèrent travailler sans bruit. Si c’est le cas pour vous, tant mieux. Mais si vous aimeriez plus de soutien, plus d’intérêt à une cause que vous défendez il faudra apprendre à en parler. Enfin comme vous l’avez déjà deviné, l’idéal est d’être un battant. Parler, oui, mais travailler avant. Et c’est ce à quoi j’aspire au quotidien.
D’ailleurs, j’ai dernièrement parlé de mon projet de vêtements féminins chics, modestes et confortables. C’est un projet que je chéris depuis longtemps et que j’ai hâte de lancer définitivement de manière officielle. En attendant que je commence à vous bombarder dessus, vous pouvez déjà suivre la page Facebook @kiyalii, et Twitter et Instagram @kiyali_.
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