(…) Je dors. J’entends quelques mots sans savoir exactement ce que dit la personne. Je crois avoir entendu « papa t’appelle. » C’est mon inconscient qui me joue des tours. Papa crie souvent mon nom quand tout le monde est éveillé et que moi je dors encore (si l’un de mes défauts vous intéresse). Au point où il m’arrive d’entendre sa voix même quand il n’est pas là. 

– Tu ne vas pas à l’école aujourd’hui? J’ouvre des yeux encore endormis sur ma cousine. 

– Hum? Tu as dis que papa m’appelle? 

– Non. Je demande si tu ne vas pas à l’école.

Je regarde mon téléphone. Il est 9h.  

– Ah je ne vais pas à l’école mais je dois sortir. Merci de m’avoir réveillée. 


Deux heures plus tard, je suis en route pour les II plateaux. Il me faut moins de 10 minutes pour finir ce pour quoi je suis là. Je sors de l’administration de IUGB et rejoins Aida. On emprunte un taxi pour Azito à Yopougon. Nous allons faire un tour à l’île Boulay. C’est la première fois que j’y vais. Le taxi nous dépose à l’un des endroits où l’on peut emprunter un bateau pour traverser la lagune. Pas de chance, il n’y en a pas. On doit aller au village. C’est comme ça qu’on appelle l’endroit où notre guide nous emmène.

– Hum Aida, au village là, le bateau est comment? 

– C’est comme une pinasse* mais c’est grand. On doit monter sur une échelle.

Dieu merci elle n’a pas dit une pirogue. Et elle a dit que c’est grand. Plus c’est en hauteur par rapport à l’eau, mieux je me sens. On traverse une sorte de brousse mais rien de bien effrayant. Sur place, le bateau n’est pas vraiment ce que j’espérais. Des planches assemblées avec quelques bancs comme sièges nous attendent. Des jeunes filles en tenue de lycée trainent à côté. – Bonjour! je les salue.
– Bonjour tantie! 
– Vous venez de l’école?
– Oui tantie, me répond l’une d’elles.

Je demande si elles empruntent souvent le bateau. J’espère me rassurer que ce n’est pas si dangereux. Mais non, elles ne l’ont jamais emprunté. Elles sont juste là pour s’amuser. Je me demande comment est-ce qu’on peut s’amuser dans cet endroit. Il ne sent pas la rose et tout autour il n’y a que la brousse et la lagune jonchées d’ordures. Il semble que le plus important pour elles est de passer du temps ensemble. Elles discutent et rigolent, je les envie. Moi je ne suis pas sereine à l’idée de monter dans ce pseudo-bateau. Je me répète intérieurement « don’t take no as your instinct! » « Ne choisis pas non par instinct! » On s’installe dans l’embarcation et on attend. Un petit garçon assis dans les bras d’une jeune femme, probablement sa mère, veut une photo. Je le photographie et lui montre le résultat. Il est content. Son sourire me fait chaud au coeur. J’en oublie un peu mon appréhension. 

Juste à côté de nous, une femme enlève de l’eau d’une pirogue. Elle m’intrigue. Elle pourrait avoir l’âge de ma mère. Les pieds dans l’eau, elle s’attèle à la tâche avec beaucoup de sérieux. Dès qu’elle finit, elle monte dans la pirogue et part naviguer sur la lagune. Finalement, notre bateau m’a l’air moins précaire. Longtemps après, plusieurs passagers nous rejoignent. Juste derrière nous, un homme met le moteur en marche. Il y a plus de peur que de mal. En quelques minutes on atteint l’autre rive. La vue de l’autre côté est magnifique mais on a encore du chemin à faire.


On discute avec des conducteurs de moto-taxis. Ils nous donnent le numéro de « Chez Rodrigue. » Aida  appelle pour qu’un autre bateau vienne nous chercher. J’achète des patates douces cuites accompagnées de piment en poudre. Comme ça m’a manqué! J’en raffolais à l’école primaire. Aida a aussi acheté des chips alloco, des croquettes et des caramels. Ils sont délicieux! Assises à l’arrière du tricycle, on subit ses soubresauts. Ici il y a encore du vert, beaucoup de vert. L’air est pur et donne envie de faire durer le voyage. On arrive au ponton et wow! La vue est splendide! Un bateau plus rassurant que le premier nous conduit chez Rodrigue. J’ai regardé une émission sur le propriétaire de l’endroit. C’est un jeune homme qui a décidé d’ouvrir son restaurant malgré l’absence de soutien. Aujourd’hui il possède également un hôtel en bordure de l’eau et est l’une des références de l’île. On nous installe dans une sorte de salon aménagé à côté de la télé. Je commande de l’attiéké et du poisson sole. Aida elle, prend de l’attiéké et un demi-poulet. On rajoute un plat d’alloco qu’on partagera. En attendant notre repas, je tombe littéralement amoureuse des coussins personnalisés qui trônent dans le petit salon. Aida vous parlera des plats sur son blog Serial Foodie. A ce stade de l’aventure, moi je peux déjà vous dire qu’une excursion à l’île Boulay est un must pour qui vit ou vient en Côte d’Ivoire. 

Coût du transport par personne :

Trajet en bateau à partir du village: 400 francs l’aller-retour 

Trajet en moto-taxis: 1000 francs l’aller-retour 

Trajet en bateau pour rejoindre la rive de Chez Rodrigue 2000 francs l’aller-retour

PS: Pour ceux qui ne savent pas ce qu’on appelle pinasse en Côte d’Ivoire, ce n’est pas le petit bâtiment à charge tel qu’on le connait en Europe. C’est une embarcation que certains considèrent tout de même précaire. Elle assure la traversée des passagers sans problèmes majeurs mais ne donne pas vraiment envie de s’y aventurer…


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