« Je veux te voir deh! » Sonia m’a si gentiment demandé de venir au lancement du Azalaï Cinema Club que je n’ai pas pu résister. L’annonce parlait d’un film surprise. Sur les lieux, je découvre qu’il s’agit de Djeli, le premier film ivoirien à avoir obtenu l’Étalon de Yennenga au Fespaco en 1981. C’est l’oeuvre de Fadika Kramo Lanciné. Je l’avais déjà rencontré lors d’une session cinéma au Village. Ce jour là nous avions regardé Wariko et j’avais beaucoup aimé. J’ai donc hâte que la session commence.

Avant le visionnage je fais des rencontres et discute avec des visages que je connais déjà autour d’un mini cocktail. Les portes s’ouvrent à 19h15 et après quelques allocutions, le film commence à 19h24. Les mouvements des acteurs sont plus lents que la normale. Les images tremblent et  semblent de mauvaise qualité. Je me dis que cela doit être dû aux appareils utilisés à l’époque. Ça n’empêche pas de profiter du film et d’apprécier la trame qui défile sous mes yeux.

Djeli raconte l’histoire d’un amour impossible entre Fanta et Karamoko. Au début du film, l’ancêtre de Fanta ayant donné de sa chair à manger à celui de Karamoko pendant un périple, ce dernier a promis que sa descendance servira à jamais celle de l’autre. La famille de Karamoko est donc la famille Djeli, griotte, censée chanter les louanges de la famille de Fanta. Selon les traditions, les griots doivent se marier entre eux. Un mariage entre un descendant griot et celui d’une caste dite supérieure est impensable. Fanta ne l’entend pas de cette oreille. Pour sa mère et sa grand-mère c’est sans doute parce qu’elle a été à l’école en ville. Pour son frère aîné et son oncle, les temps ont changé et il faut laisser les jeunes s’aimer. Son père est l’homonyme de Karamoko et a toujours soutenu Fanta pour ses études, pourtant face à la tradition et au regard de sa communauté, il refuse de flancher pour le bonheur de sa fille…

Djeli est plein de proverbes qui m’ont arraché quelques sourires. « Tâche de sourire au caïman quand tu as un doigt dans sa bouche. » « Quand on a viande à cuire, on va vers celui qui a le feu. »  « Quand on crache en l’air il faut s’attendre à recevoir la salive sur le bout de son nez. »
 


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Au delà de ces adages Africains, Djeli marque parce qu’il touche du doigt un problème important de la société. Le film a été réalisé à la fin des années 70 mais reste toujours d’actualité. Pendant le visionnage, ma voisine me chuchote que des unions sont toujours refusées sous prétexte de la supériorité de certaines familles par rapport à d’autres. Kramo Lanciné met ainsi en avant un conflit qui pourrait être générationnel mais qui est surtout un conflit entre différents types de mentalités. Fanta ne rejette pas ses traditions. D’ailleurs, elle même souhaite faire connaître son village et ses valeurs à ses enfants. On ne peut quand même s’empêcher de penser qu’elle et Karamoko ont le courage de s’opposer aux décisions de leur famille parce qu’ils ont été à l’école, en ville, et y ont vu un nouveau monde.

Le film est majoritairement en Malinké. La plupart des dialogues en Français sont entre les citadins venus passer les vacances au village. Fanta et son amie marchent toujours en talons; comme un besoin de se différencier des autres femmes. Ça me fait penser à Ken Bugul et l’aliénation Culturelle qu’elle dépeint dans Le Baobab fou…  Je suis scotchée par la fin de Djeli et les ovations du public ne se font pas attendre. Tout le monde semble satisfait sauf Gauz. Il s’indigne de la qualité visuelle à laquelle on a eu droit. Je comprends alors que ce sont des problèmes techniques externes au film original qui ont affecté les images. Entre la conversion du film et les appareils utilisés pour la séance, je ne sais pas quoi blâmer.
 

Pendant les séances de questions-réponses, je découvre que le grand frère de Fanta a été incarné par l’artiste chanteur Koné Daouda. Je suis déçue de ne pas l’avoir reconnu tout de suite mais tout de même contente de l’avoir vu dans un autre cadre.

L’objectif du Azalaï Cinema Club est de mettre en avant les productions cinématographiques africaines. Une séance aura lieu chaque deux semaines pour faire découvrir les grands films qui ne sont pas toujours connus du public. J’apprécie fortement l’initiative. J’espère que les prochaines séances seront encore meilleures et que l’Azalaï Cinema Club sera reconnu comme l’un des plus grands espaces de promotion du Cinéma sous nos Tropiques. Si vous avez l’occasion de voir Djéli ou un autre film Africain à Azalaï, n’hésitez surtout pas!

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