📸 Miléquem Diarassouba 

“Tu viens de loin.” C’est ce que me dit mon amie chaque fois que je lui parle de mes élèves de la maternelle. Et je lui en parle quasiment chaque fois que l’on se voit. Je sens qu’elle est déjà à la limite de l’agacement… 

J’ai été la première surprise de me rendre compte que je fondais pour les enfants. Et pour cause ! Il m’est déjà arrivée de me demander si je ferais des enfants un jour parce que je trouvais que c’était une charge bien trop lourde à porter. Éduquer un enfant est sans doute l’une des choses les plus difficiles à faire et les enseigner requiert une patience à toute épreuve. Je suis loin d’être patiente. Très loin. Pourtant avec ces enfants, je trouve des réserves de patience que je ne savais pas posséder.

C’est mon amour pour l’éducation qui m’amené à créer le Centre Eulis et à devenir enseignante. C’est cet amour qui m’a amené à travailler avec des enfants et à m’émerveiller chaque fois qu’ils montrent le moindre signe d’évolution. J’ai l’impression d’être devenue encore plus fragile depuis que j’enseigne en maternelle. Je m’émeus pour tout et n’importe quoi. Mon cœur fond lorsqu’une petite de deux ans aide spontanément son camarade de classe à ramasser sa cuillère tombée; ou lorsqu’une petite anglophone de trois ans arrive à se présenter en français, sans que je ne lui fournisse moi-même les mots à utiliser.

Je suis sortie de ma zone de confort en commençant à travailler à la maternelle. Je pensais avoir déjà accompli un exploit mais chaque jour me présente un nouveau challenge. Le problème avec la zone de confort, c’est que chaque fois que l’on finit par en sortir et s’adapter à une situation inconfortable, on construit peu à peu une nouvelle zone de confort dont on doit à nouveau s’échapper, et cela ne signifie pas toujours que c’est plus facile.

Il y’a quelques jours, je discutais avec une amie qui est amenée à faire des choses au boulot qui en principe, ne rentrent pas dans ses fonctions. Non seulement elle n’aime pas particulièrement ces tâches extras, mais en plus cela l’empêche également de faire ce pour quoi elle est évaluée. Cela m’a rappelé à quel point j’étais parfois ennuyée lorsque je devais faire un remplacement. 

J’enseigne un jour sur deux et quand je n’enseigne pas, j’observe les autres classes ou je fais un remplacement lorsque cela est nécessaire. Je me retrouve du coup confrontée à des élèves auxquels je ne suis pas habituée, et je dois également faire le cours prévu par l’enseignant alors que je n’y étais pas préparée. Je ne pouvais pas dire non, et j’étais plutôt frustrée. Puis je me suis rendu compte que je commençais à avoir mes marques avec ces élèves qui ne sont pas dans ma classe. Ces remplacements qui étaient initialement une source de frustration pour moi, me permettent d’acquérir de nouvelles compétences et d’avoir de belles idées à implémenter dans ma propre classe. Et en plus je finis par trouver des moyens de rendre ces moments funs, aussi bien pour moi-même que pour les élèves.

Dans mon école, tout le monde peut avoir à faire des choses différentes de ses fonctions. Il y a parfois des imprévus, des urgences qui nécessitent que l’on revête une nouvelle casquette. La directrice peut se retrouver au portail parce que le gardien est malade. La coordinatrice peut faire l’assistante en maternelle pour aider pendant une journée. Le plus important est que la tâche soit faite sans perturber le déroulement de la journée. Et surtout, que les enfants reçoivent l’éducation pour laquelle ils sont là. Nous voulons leur transmettre les outils nécessaires pour s’adapter à ce monde qui change de plus en plus vite. Et pour cela, nous devons nous-mêmes faire preuve de flexibilité et d’adaptation.

Il arrive parfois qu’au boulot ou dans la vie de tous les jours, nous soyons forcés de faire des choses auxquelles nous ne sommes pas habitués ou préparés. Nous avons le choix entre nous plaindre, ruminer notre frustration, ou voir la situation comme une opportunité d’apprendre quelque chose de nouveau. Je ne dis pas que c’est facile; moi-même je continue d’apprendre à m’adapter. Mais c’est nécessaire. Pour nous-mêmes et pour les autres autour de nous.

Je ne serai sans doute pas enseignante en maternelle pendant de nombreuses années; j’ai encore un tas de choses à apprendre dans le domaine de l’éducation. Dans le but de me former, je serai sûrement amenée à faire d’autres choses qui ne me passionnent pas forcément au début ou avec lesquelles je ne serai pas à l’aise. À chaque fois, j’aurai le choix entre me plaindre, abandonner ou décider d’en profiter pour me découvrir, m’amuser et apprendre. Écrire ces mots ne signifie pas que je passerai chaque nouvelle étape les doigts dans le nez mais j’essaierai de me souvenir que chaque pas en dehors de notre zone de confort est un pas qui nous fait grandir.


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