Dans l’imaginaire collectif, la Somalie est souvent associée à la guerre, la famine et les réfugiés. Malheureusement, ce qui n’aurait dû être qu’une caricature, réflète la réalité pour des millions de Somaliens. Je ne savais pas grand-chose de ce pays jusqu’à ce que je lise l’autobiographie du Dr. Hawa Abdi. J’ai par exemple été surprise d’apprendre que la Somalie avait été colonisée à la fois par l’Italie et la Grande Bretagne et qu’elle a obtenu son indépendance des deux pays en 1960.
Le Dr. Hawa Abdi est littéralement une superhéroïne qui a consacré sa vie à aider des dizaines de milliers de Somaliens en temps de guerre. Née d’une famille modeste, elle a pu étudier à Moscou et travailler en Somalie en tant que médecin, à une époque où la société privilégiait davantage les hommes. Mariée et mère de famille, elle a rapidement acquis des terres dans sa région afin d’y installer sa famille, des plantations et une clinique pour fournir des soins de gynécologie aux femmes des environs. Elle ne s’attendait pas à ce que ces terres deviennent un refuge pour plus de 90.000 personnes.
En lisant « Docteur de l’espoir », on se demande comment quelqu’un peut avoir un cœur aussi immense, allant jusqu’à risquer sa vie et celle de sa famille pour sauver les autres. La guerre en Somalie a été alimentée par de nombreuses causes. Les relations complexes avec l’Union Soviétique, la lutte de territoire avec l’Ethiopie, les tensions et injustices entre les différents clans du pays, les groupes terroristes prétendant défendre la cause de l’Islam, la sécheresse, etc. Malgré les nombreuses menaces, les trahisons aussi bien du peuple Somalien de manière générale que de certains de ses proches, le Dr. Hawa Abdi a tenu bon et a remué ciel et terre pour aider les familles dans le besoin.

Je crois personnellement que lorsqu’on passe par des moments difficiles, il faut lire ou écouter les histoires de personnes qui ont connu pire et qui ont réussi à surmonter leurs épreuves. Ça ne signifie pas que ce qu’on vit n’a pas d’importance, ni que d’autres personnes n’ont pas échoué en affrontant les mêmes défis. C’est plutôt pour moi un moyen de relativiser, de garder espoir, et de se dire que si d’autres personnes sont passées par des choses similaires et même pire, alors on peut aussi s’en sortir.
Au-delà des difficultés liées à la guerre en Somalie, Dr. Hawa Abdi a été éprouvée dès son enfance. Excisée, orpheline de mère alors qu’elle est encore une adolescente, mariée de force, elle est devenue mère à un âge précoce, elle a été abandonnée par certains proches, elle a perdu des enfants et elle a elle-même failli perdre la vie à plusieurs reprises, aussi bien par les armes que la maladie. Et même lorsqu’elle avait tous les droits de se révolter, elle a très souvent choisi de pardonner.
Même si elle n’utilise pas ce terme, Hawa Abdi une féministe engagée pour la cause des femmes et des enfants. Elle ne correspondait pas du tout à ce qu’on attendait d’une femme dans la Somalie traditionnelle. Pourtant, en la lisant, on se rend compte qu’elle est également très attachée à certaines de ses traditions, à la famille et à l’unité du peuple somalien, indépendamment des divisions claniques. La seule différence est qu’elle a choisi l’éducation comme arme et s’est battue pour défendre ses idées.
Eduquée, riche, courageuse, entreprenante, elle a réussi à transmettre ses valeurs sur l’importance de l’éducation et de la solidarité à ses enfants. Comme elle, ils se sont mis au service du peuple somalien, ont poursuivis des études en Médecine, et ont contribué à la survie du camp qu’elle a mis en place alors qu’ils n’étaient que des enfants. Ensemble, ils ont attiré l’attention du monde sur la souffrance des Somaliens même si cela n’a pas suffi à mettre un terme définitif au calvaire de ce peuple.
Décédée en 2020, Dr. Hawa Abdi fait clairement partie des personnes inspirantes dont nous devons propager l’histoire pour inspirer des millions de personnes à travers le monde, en particulier les jeunes filles et femmes Africaines.
« Docteur de l’espoir » est le livre du mois d’Octobre de notre club de lecture « Lire, discuter et manger ». La rencontre aura lieu le dimanche 29 octobre in shaa Allah, au Centre Eulis Faya. Vous pouvez nous joindre au 07 07 826 717 pour y participer.

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