Je suis déjà passée par là. Moi aussi, j’ai espéré un appui financier d’individus, d’organisations, pour soutenir une initiative personnelle, sans avoir de retour positif. Bon, ça ne m’est arrivé qu’une seule fois en vrai parce que je n’aimais pas demander de l’aide… toujours est-il qu’aujourd’hui je me retrouve entre-deux.
Dans le cadre de mon travail, je suis amenée à contribuer à l’écriture de projets pour lever des fonds. Et de l’autre côté, je reçois aussi des sollicitations d’organisations et de jeunes qui souhaitent recevoir un appui financier pour leurs initiatives. Alors j’ai eu envie de partager quelques raisons pour lesquelles vous n’avez pas toujours un retour positif, en me basant sur mon expérience professionnelle. Bien sûr, ces raisons ne sont pas exhaustives.
1 – Vous n’avez jamais rien réalisé.
C’est votre premier projet. Vous n’avez jamais conduit d’initiative et ne pouvez présenter aucun résultat qui attesterait de votre capacité à pouvoir mener à bien ce projet. Parfois même, vous n’avez ni expérience professionnelle, ni associative. Comment vous faire confiance alors qu’on ne sait pas de quoi vous êtes capables ? Mon conseil, commencez toujours avec vos petits moyens et ensuite demandez aux autres de vous accompagner pour aller plus loin.
2 – Votre projet n’est pas clairement défini.
Je continue d’apprendre aux côtés de mes collègues à mieux structurer les projets. Alors je sais que ce n’est pas toujours facile, surtout lorsqu’on débute. Pour des initiatives sociales, on ne vous demandera pas un business plan mais des termes de référence clairs qui mettent en avant vos objectifs, les résultats attendus, les différentes activités prévues dans le cadre du projet, la chronologie, l’impact attendu et comment il sera mesuré, la cible, les différents partenaires et le budget. Assurez-vous de quantifier vos résultats pour qu’on puisse les évaluer facilement. Il faut évidemment inclure un contexte pour justifier la raison d’être de votre initiative, et pouvoir dire clairement ce que vous attendez de l’organisation ou l’individu que vous contactez.
3 – Votre projet est mal écrit.
Vous connaissez mon rapport aux fautes. Je sens que je deviens moins intransigeante avec le temps parce que j’ai l’impression que la majorité autour de moi est laxiste sur ce point, mais honnêtement, un document truffé de fautes peut impacter l’image que l’on a du porteur de projet. Selon le contexte, certaines coquilles peuvent passer mais je recommande fortement d’apporter une attention particulière à votre texte. Au-delà des fautes, il y a aussi le format du document qui doit être agréable à parcourir, qu’il s’agisse d’un document Word, PDF ou PowerPoint, avec les couleurs, les espaces et les agencements adéquats.
4 – Votre projet n’est pas aligné aux priorités de l’organisation.
L’UNICEF travaille au bien-être des enfants, des adolescents et des jeunes. Si votre projet cible des personnes de 25 à 40 ans, sans impact sur les plus jeunes, il faut contacter une autre organisation. En parcourant les sites et réseaux sociaux des organismes, vous pouvez identifier leurs priorités du moment et sur les prochaines années. La priorité des organisations des Nations Unies est d’accompagner le gouvernement, et seulement en cas de besoins selon des critères bien définis, elles collaborent avec des ONGs après un appel à candidature ou par sélection directe dans de rares cas.
5 – Ce n’est pas le bon moment.
Parfois ce n’est pas vraiment de votre faute. Votre projet est presque parfait. Vous connaissez même quelqu’un dans l’organisation avec qui vous avez discuté, mais vous n’avez toujours pas de retour positif. Peut-être que l’équipe est sur d’autres urgences et vous a oubliés ou n’a même pas pu lire votre e-mail. Peut-être qu’il y a eu des changements de staff ou d’objectifs en interne et qu’il faut s’adapter. Peut-être que l’organisation n’a pas le budget ou la ligne budgétaire qu’il faut pour vous soutenir. Peut-être qu’il y a des agendas conflictuels ou que votre projet est similaire à un autre que l’organisation soutient déjà. Peut-être que… il y a beaucoup d’autres raisons qui font que le timing n’est pas idéal.
Il ne faut pas se décourager face à un non ou parce qu’on n’a même pas eu de réponse. Il y a des projets qu’on a soutenus un an après avoir été approchés, alors qu’on ne connaissait pas du tout leurs porteurs. Parfois ça peut prendre plus de temps encore.
Si votre projet vous tient vraiment à cœur, commencez avec ce que vous avez. Frappez à d’autres portes. Participez aux événements organisés par les organisations susceptibles de vous soutenir et essayez de relancer ceux qui y travaillent. Envoyez des e-mails professionnels. Faites des recherches pour mieux cerner les priorités du moment. Ne demandez pas que de l’argent, mais essayez de tirer profit des autres ressources qu’ils pourraient mettre à votre disposition. Approchez d’autres personnes qui ont bénéficié de l’aide de l’organisation, peaufinez vos projets. Apprenez des autres, formez-vous et agissez à votre humble niveau. Ça finira par payer d’une manière ou d’une autre.

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