J’ai découvert les inégalités liées au genre dans les livres avant d’en faire le constat autour de moi. On ne cesse de rappeler que nous n’avons pas besoin d’attendre le 8 mars pour promouvoir les droits des femmes mais ce jour est symbolique pour rappeler le travail à abattre, les résultats déjà obtenus et mettre en avant toutes ces personnes qui contribuent à améliorer les conditions de vie des femmes.
Si vous souhaitez lire davantage sur les défis auxquels font face les femmes, ou cherchez des fictions qui pourraient aider à éduquer des personnes de votre entourage, je partage avec vous 8 livres écrits par des femmes et qui abordent ces sujets.
- « Les larmes de Carène » d’Elodie Yeboua

L’une des particularités de ce livre est qu’il a été publié alors que l’autrice était en classe de terminale. Il aborde la thématique des abus et grossesses en milieu scolaire, du mariage forcé et de la scolarisation de la jeune fille dans la région de Bondoukou. Facile à lire et adapté aux adolescents, il a même été utilisé au programme scolaire ivoirien pour les classes de 6e. N’hésitez pas à le lire et à en discuter avec vos enfants.
- « Rebelle » de Fatou Kéita.

Il y a bien longtemps que j’ai lu ce livre, mais je me souviens toujours de la ruse que la petite Malimouna a utilisée pour ne pas subir le rituel de l’excision. Dans mes souvenirs, c’est le premier livre qui m’a fait découvrir cette mutilation génitale et je suis tombée des nues lorsque j’ai découvert que des femmes de mon entourage en avaient été victimes. Fatou Kéïta parle d’excision mais aussi de mariage forcé et de lutte pour les droits de la femme. Je le recommande également pour les adolescents mais il peut aussi être apprécié par des adultes.
- « La révolte d’Affiba » et « Le prix de la révolte » de Regina Yaou

Dans de nombreuses traditions, la femme n’a pas le droit à l’héritage après le décès de son époux. La belle-famille s’empresse de dépouiller femme et enfants, lorsque l’on n’exige pas de la femme qu’elle épouse l’un des frères du défunt. Affiba elle, a décidé de ne pas se laisser faire. Après avoir galéré de nombreuses années avec son mari, qui l’a même abandonnée pour sa maitresse, elle doit faire face à ceux qui lui avaient tourné le dos et veulent maintenant saisir l’héritage qui doit lui revenir.
- « L’hibiscus pourpre » de Chimamanda Ngozi Adichie

Vous devez déjà savoir que j’aime beaucoup Chimamanda. Je l’ai découverte avec ses fameux Ted Talks et j’ai été conquise en lisant ses romans. « L’hibiscus pourpre » raconte l’histoire d’une famille qui semble parfaite du point de vue extérieur mais où les membres sont terrorisés par le père de famille. La mère est victime de violences conjugales de la part d’un homme qui est pourtant un exemple dans sa communauté religieuse. La plume de Chimamanda est magnifique et « L’hibiscus pourpre » ne vous laissera pas insensible.
- « Les impatientes » de Djaili Amadou Amal

Ce livre mérite bien toute l’attention reçue ces dernières années. Bien que se déroulant au Cameroun, il aborde des souffrances vécues par de nombreuses femmes à travers le monde : le mariage forcé, le viol, les violences conjugales et les injustices liées à la polygamie. Les histoires de Ramla, Hindou et Safira ont ému plus d’un lecteur. Si vous essayez de vous remettre à la lecture, je vous garantis que celle-ci sera agréable mais qu’elle pourrait vous arracher des pincements au cœur et peut être même quelques larmes.
- « Crime d’honneur » d’Elif Shafak

Ce livre m’a bouleversée. Au nom de quel honneur un jeune homme peut-il ôter la vie à sa propre mère ? Je ne connaissais pas le concept de « crime d’honneur » avant de lire ce roman. Il s’agit de crimes qui sont le plus souvent perpétrés par un membre d’une famille sur un autre en réaction à un comportement que l’on considère déshonorant pour la famille ou le groupe auquel on appartient. Même si ces actes touchent aussi les hommes, les féminicides sont beaucoup plus nombreux. Ici, une famille Kurde émigrée en Europe va exploser après le départ du père puis le meurtre de la mère par son fils préféré. Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas un spoiler. L’histoire vous réserve encore pas mal de surprises. J’aime le style d’écriture d’Elif Shafak parce qu’elle donne généralement la parole à plusieurs personnages et nous permet donc de vivre l’histoire sous différents angles de vue.

Trois femmes, en Inde, en Sicile et au Canada, sont liées d’une façon plutôt inattendue. Smita en Inde, lutte pour que sa fille ait accès à l’école malgré sa situation « d’intouchable ». Giulia en Italie, tente de sauver l’entreprise familiale de son père. Sarah, au Canada, est une avocate réputée qui doit faire face à un cancer. Si les trois histoires sont magnifiques, c’est surtout celle de Sarah qui m’amène à vous proposer « La tresse » ce 8 mars. Elle m’a ouvert les yeux sur les défis auxquels font face les femmes dans le milieu du travail, au point de devoir mettre leur vie personnelle de côté.
- « Le silence d’Isra » d’Etaf Rum

Les traditions ont la peau dure et c’est ce que va découvrir Isra lorsqu’elle quittera la Palestine pour les Etats Unis. Alors qu’elle rêvait d’un monde avec plus de liberté, elle va vite découvrir que le mari qu’elle n’a d’ailleurs pas choisi est très loin d’être un prince charmant. Pire encore, sa belle-mère perpétue les injustices qu’elle a elle-même subies lorsqu’elle était plus jeune. Encore un autre livre sur des violences conjugales certes, mais que je le recommande surtout parce qu’il nous rappelle que cela se passe partout.
Bonus : « La première femme » de Jennifer Nansubuga Makumbi

Je voulais me limiter à 8 livres mais je mentionne « La première femme » parce qu’en plus des différents maux abordés, il soulève aussi le droit d’accès à la terre pour les femmes, un sujet qui n’est pas suffisamment abordé mais qui est bien réel dans certaines communautés.

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