Il était étrange, ce sentiment de plénitude que j’ai ressenti lorsque nous avons mis les pieds à Korhogo. Comme si j’y avais toujours vécu. Je me sentais comme à la maison, et à raison. Et puis il s’est décuplé, lorsqu’après plus de 20 minutes à avancer cahin-caha sur une route non bitumée, coincés à 4 à l’arrière d’une Toyota plus très neuve, nous avons fini par voir « Bienvenue à Komborodougou. »
Pour Raymond, Abdul-Basit et Ruth, c’était la première fois qu’ils découvraient la région. Stella, elle, avait déjà été à Korhogo mais ne connaissait pas Komborodougou, mon village. Il est situé à 27 km de Korhogo. La moitié du trajet s’effectue sur une route bitumée tandis que l’autre attend encore le goudron. Komborodougou, de son vrai nom Kogaha, est le village natal de mon père. C’est là qu’il a passé son enfance et ses premières années à l’école. Mais jusqu’à l’année dernière, le village ne disposait pas encore d’un collège. Les enfants les plus chanceux pouvaient poursuivre leurs études secondaires à Napié, à Korhogo, ou dans une autre localité où ils pouvaient avoir un tuteur. Pour les autres, l’école s’arrêtait au CM2.
Depuis longtemps, papa chérissait l’envie de faire construire un collège chez lui, de contribuer à améliorer l’éducation dans notre région. Je précise d’ailleurs que je lui ai donné ma contribution pour acheter le ciment ! Le collège a finalement vu le jour à la rentrée scolaire 2018-2019 avec un premier bâtiment et deux classes de 6e avec 58 élèves chacune. Il me semblait donc logique d’y aller dans le cadre du Book’Art Tour.

Les ateliers Book’Art sont des ateliers de lecture, d’orthographe, d’art, de bricolage, de discussions, destinés à éveiller et nourrir la curiosité des jeunes Ivoiriens. Le Centre Eulis existe depuis plus de deux ans maintenant à Yopougon, et nous sommes ravis des progrès effectués avec les enfants de la zone. Mais en dehors d’Abidjan, bon nombre de localités souffrent de nombreux problèmes au niveau de l’éducation. À défaut de pouvoir tous les résoudre, on aimerait bien apporter notre pierre à l’édifice en rapprochant les livres des jeunes élèves à l’intérieur du pays. Comme à Mahapleu, les ateliers se sont déroulés pendant deux matinées, du Mercredi 28 au Jeudi 29 Août. Nous avons discuté ensemble de l’importance de la lecture autour de « Bouba et Zaza sont confrontés à l’illettrisme » et de la protection de l’environnement avec « Bouba et Zaza protègent la terre ». Raymond a ensuite animé des ateliers de dessins et de peinture.
J’ai remarqué que les enfants étudiant dans les grandes villes, à Korhogo et Bouaké, ou dont les parents sont des fonctionnaires, avaient un niveau supérieur à la moyenne. Cela s’explique sans doute par le fait que les parents qui n’ont pas été à l’école ont plus de mal à suivre les études de leurs enfants. De plus, dans les villages, la majorité des enfants n’a pas l’opportunité de parler le français en dehors de l’école. Et lorsque vient la période des récoltes, certains élèves passent plus de temps au champ que dans les salles de classe.
Les enfants étaient quand même très attentifs et ont apprécié le temps que nous avons passé ensemble. Bien que nous ayons organisé les choses dans un délai très court, nous avons eu 18 élèves le premier jour et 28 le second. Certains étudient au collège et d’autres étaient au village pour les vacances. Ils m’ont expliqué qu’ils ne fréquentaient pas la bibliothèque installée au foyer des jeunes sans aucune raison particulière. Je n’ai malheureusement pas eu l’occasion de la visiter mais j’ai fait promettre aux enfants de lire plus souvent si nous leur faisons parvenir des livres.

Le principal du collège nous a félicité de l’initiative bien qu’il la trouvait un peu trop courte. C’est vrai, en deux jours on ne peut pas faire beaucoup. Mais comme je l’ai déjà souligné, nous essaierons de faire davantage en envoyant des malles de livres dans chacune des localités que nous visiterons pour le Book’Art Tour, et même d’y passer plus de temps avec les jeunes, in shaa Allah. Des clubs de lecture animés par les élèves eux-mêmes pourraient aider à élever leur niveau en classe.
En dehors du caractère éducatif du voyage, ça a également été une belle aventure avec une ambiance bon-enfant. Les garçons ont même escaladé le Mont Korhogo, malgré la pluie et la fatigue. Nous avons eu l’occasion de déguster de bons plats, et j’ai eu la chance d’avoir de nombreux oncles, tantes, cousins et cousines, prêts à rendre notre séjour agréable. C’était tellement bien d’être chez moi, même si j’ai encore de très gros progrès à faire pour maîtriser le Nafara (Sénoufo), ma langue maternelle. J’ai hâte qu’on y retourne !
Ce voyage a été financé grâce à un concours organisé par la blogueuse Scheena Donia et Orange Money. Vous pouvez nous aider à organiser les prochains ateliers pour le Book’Art Tour, financièrement, en livres ou en donnant de votre temps. Merci de remplir ce formulaire pour plus de détails.
Lisez aussi sur notre voyage à Mahapleu : https://leschroniquesdetchonte.com/bookart-tour-a-mahapleu-













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